Face à l’adversité extrême, qu’est-ce qui différencie ceux qui s’effondrent de ceux qui trouvent la force de rebondir ? Ce n’est ni la chance, ni la force physique, mais une compétence bien plus rare et puissante : l’intelligence émotionnelle (QE).

Christophe Haag, chercheur en psychologie sociale, a étudié ces profils hors-normes qu’il nomme les « QE++ ». Ces individus, qui représentent moins de 1% de la population, ne sont pas des super-héros. Ce sont des hommes et des femmes qui ont développé une capacité extraordinaire à transformer le chaos en opportunité. Leurs histoires, aussi tragiques soient-elles, sont de véritables leçons de vie.

 

Le Pouvoir des souvenirs heureux : l’histoire d’Annette

Annette Herfkens, première femme trader à Wall Street, a survécu à un crash d’avion au Vietnam. Seule rescapée, grièvement blessée, elle a attendu les secours pendant huit jours au cœur de la jungle. Sa réaction ? Elle n’a jamais eu peur.

Son secret n’est pas une absence d’émotion, mais une maîtrise de celle-ci. Pour surmonter la douleur et l’angoisse, elle a consciemment puisé dans sa « banque » de souvenirs heureux. Les moments passés avec ses proches, l’amour donné et reçu… Ces « investissements affectifs », comme les appelle Christophe Haag, ont été son carburant mental. Son histoire nous enseigne que la résilience se cultive bien avant la catastrophe, dans la qualité des liens que nous tissons.

 

L’autodérision, une arme de survie massive : l’histoire du « Captain Odoul »

Imaginez-vous dans un avion en panne, au-dessus d’un territoire ennemi. Le pilote panique. Que faites-vous ? « Captain Odoul », un ancien des forces spéciales, a eu un réflexe déconcertant : il a commencé à se moquer de la situation.

Cette autodérision a eu un effet neurologique immédiat. Elle a permis de désamorcer le stress intense, non seulement pour lui, mais aussi pour le pilote. En riant de l’absurdité de leur sort, il a « libéré » le cerveau du pilote, lui permettant de retrouver sa créativité et de trouver une solution pour poser l’avion. L’humour et l’autodérision ne sont pas de simples traits de caractère ; ce sont des outils cognitifs puissants pour gérer la pression et stimuler la pensée adaptative.

 

Relativiser l’inacceptable : L’histoire de Damien

Damien a survécu à l’horreur de l’attentat du Bataclan. Quelque temps plus tard, un accident de voiture le laisse paralysé des deux jambes. Face à cette double tragédie, beaucoup se seraient effondrés. Damien, lui, a trouvé une question pour le sauver.

Sur son lit d’hôpital, il s’est demandé : « Qu’est-ce que je suis prêt à perdre ? ». Sa réponse a été d’une clarté foudroyante : il était prêt à perdre l’usage de ses jambes, mais pas ses mains pour jouer de la musique, ni sa lucidité. En acceptant cette perte, il a pu se concentrer sur ce qui lui restait et a trouvé la force de rebondir psychologiquement. Sa démarche est une leçon magistrale sur le pouvoir de la relativisation et notre capacité à redéfinir ce qui est essentiel.

Ces trois histoires nous montrent que l’intelligence émotionnelle n’est pas un concept abstrait. C’est une force concrète, qui se cultive et qui permet de naviguer à travers les pires tempêtes de la vie. C’est une invitation à ne pas craindre le risque, mais à nous armer intérieurement pour y faire face, et peut-être, à notre tour, transformer nos propres épreuves en une force insoupçonnée.

 

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