Introduction
Lorsque survient un événement traumatique, le cerveau déclenche une cascade de mécanismes automatiques : alarme émotionnelle, état de « sidération », dissociation, puis un remodelage cérébral, physique comme fonctionnel. Voici comment cela se déroule selon les explications de DR Muriel Salmona (le document complet est ici)
1. Activation de l’amygdale et hyperréactivité émotionnelle
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L’amygdale agit comme un système d’alerte rapide, détectant les stimuli menaçants, générant peur et réactions de fuite ou de combat.
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Elle module aussi la consolidation des souvenirs, renforçant les traces émotionnellement chargées
2. Dysfonctionnement du cortex associatif → dissociation
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Sous stress extrême, l’amygdale se déconnecte du cortex associatif → les stimuli sont perçus sans signification émotionnelle.
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Résultat : sentiment d’irréalité, d’être spectateur de sa propre vie, ou anesthésie émotionnelle – processus clé de la dissociation traumatique
3. Impact sur l’hippocampe et la mémoire
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L’hippocampe, crucial pour la mémoire épisodique et la navigation spatio-temporelle, subit atrophie et réduction de la neurogenèse sous l’effet du stress et des glucocorticoïdes
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Conséquences : perturbation de l’intégration temporelle du vécu, facilitant les réminiscences intrusives ou « flash‑backs ».
4. Atrophie des zones corticales
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Les IRM révèlent une perte d’épaisseur corticale dans des régions comme le cortex sensitif (zones génitales/buccales), le cortex cingulaire antérieur, l’hippocampe, etc.
5. Plasticité cérébrale : fragile mais réparable
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Le cerveau conserve sa plasticité : capacité de créer, renforcer ou réorganiser des connexions neuronales
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Avec une prise en charge appropriée (psychothérapie, remédiation cognitive), il est possible de stimuler la neurogenèse hippocampique, réduire l’atrophie, et restaurer progressivement les connexions fonctionnelles.
6. Pourquoi l’amygdale et l’hippocampe sont-ils centraux ?
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Amygdale : détection immédiate du danger, formation de la mémoire émotionnelle
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Hippocampe : essentielle pour la cohérence temporelle des souvenirs ; impacté durablement par le stress chronique.
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Leur altération explique les symptômes : flash‑backs, dissociation, anxiété, difficulté d’ancrage temporel.
Conclusion
Le trauma n’est pas « juste mental » : il engendre des modifications neurologiques profondes. Mais la bonne nouvelle ? Le cerveau est capable de guérison. Grâce à sa plasticité, une prise en charge ciblée peut favoriser la réparation fonctionnelle et émotionnelle.
Le document dans sa totalité est disponible ici : https://www.memoiretraumatique.org/assets/files/v1/Articles-Dr-MSalmona/20240523-Que%20se%20passe-t-il%20dans%20le%20cerveau%20lors%20d’un%20trauma-Explications%20avec%20sch%C3%A9mas.pdf